Jour 8 : Changement de pays

Nous partons le matin pour 8 kilomètres de descente au milieu de la montagne-jungle de Zhangmu, toujours aussi féerique. Après quelques formalités administratives d’usage, nous prenons conge de Lobsang et franchissons à pied le pont e l’amitié, marquant l’unique frontière terrestre entre la Chine et le Népal actuellement ouverte. Je retarde ma montre de 2h15 ( !) en franchissant la ligne et découvre un autre pays. Les paysages sont similaires, mais on voit bien plus de sherpas, de femmes portant des charges au moins aussi lourdes qu’elles sur leur dos, habillées de saris.

Après un quart d’heure de route de montagne dans une voiture classique, nous arrivons au lieu de décollage des hélicos. Vu le monde, on nous dit que nous serons dans la quatrième ou cinquième fournée, mais nous avons finalement la surprise de griller la plupart des personnes présentes en empruntant le deuxième engin, après seulement un quart d’heure d’attente ! Le baptême d’hélicoptère est ensuite génial ! Nous volons vingt bonnes minutes au-dessus des rizières et des cascades népalaises, au milieu de légers nuages, sans le moindre accroc.

Nous prenons ensuite un taxi pendant une heure environ pour rallier le centre de Katmandou. Le changement de paysage en moins de 24h est radical : on passe d’une ambiance digne du Colorado à un atmosphère indienne (même si je ne suis allé dans aucun de ces deux pays…). Les porteurs, saris, le délabrement plus avancé qu’au Tibet, les temples hindous, l’humidité du paysage ou encore la conduite à gauche marquent nettement le changement !


Helico entre Kodari et Katmandou !

Après avoir posé nos sacs à l’hotel, nous partons déjeuner dans un petit resto népalais. La nourriture est similaire à ce que Pamina a connu en Inde, et je me brûle les doigts en mangeant le riz trop chaud avec les mains, tandis que les locaux sourient en voyant mon manque de technique pour avaler la sauce la viande et le riz proprement avec les premières phalanges de la main droite.

Nous enchainons avec une balade dans Thamel et autour de la place Durbran, la vieille ville de Katmandou. L’ambiance, difficile à décrire, rappelle un peu les souks marocains (pour le nombre et la variété des petits commerces) mélangé avec les quartiers les plus denses de Hong Kong (pour la densité de pancartes dépassant des immeubles sur la rue). On erre dans les rues entre les temples, le pigeons, les vendeurs ambulants, les échoppes variées et colorées, les épices, etc.

À la fin de notre visite de la place nous regardons la maison de la Kumari. La Kumari est une déesse vivante, prenant la forme d’une fillette d’entre 3 et 13 ans. La Kumari est sélectionnée sur des critères complexes : premièrement, la fillette (qui doit être de la caste des Ewar) doit vérifier 32 critères physiques (allant de la taille des dents, à la forme des oreilles en passant par la teinte de la peau), deuxièmement les fillettes répondant aux critères et envoyées par leurs parents sont mises dans une salle ou on agite devant leurs yeux et dans une ambiance musicale horrible 108 têtes de buffles décapités sanguinolentes, afin de voir lesquelles sont les vraies Kumari, qui ne sauraient craindre un tel spectacle, puis les dernières en lice doivent, à l’instar du candidat Dalai Lama, reconnaitre d’anciens objets des Kumari précédentes parmi une sélection qui lui est présentée. La Kumari est ensuite vénérée comme une déesse jusqu’à ce qu’elle saigne pour la première fois (règles ou saignement accidentel) ; ses pieds ne doivent pas non plus toucher le sol sans quoi elle est également déchue de son titre. Ensuite, la Kumari retourne dans l’anonymat complet, et ne peut généralement pas trouver de mari car la rumeur dit qu’épouser une Kumari assure une mort dans l’année.

La Kumari vit recluse et n’parait que quelquefois à sa fenêtre, où des militaires vérifient que tout le monde respecte bien l’interdiction de la photographier. Cependant, nous avons eu de la chance car aujourd’hui était une de ses 13 sorties annuelles en ville, et nous allions donc pouvoir la voir en dehors de son palais, et donc même la prendre en photo.

On nous annonce sa sortie imminente et tout le monde se presse autour de la porte, devant laquelle attend un trône porté par quatre hommes. Plusieurs personnes viennent porter des coussins ou ajouter des décorations au trône. Certains hindous s’approchent du trône en priant, le touchent de la main, se touchent le cœur et s’en vont.

Après une bonne heure d’attente, la déesse apparait, portée par un homme jusque dans sa chaise, car elle ne saurait toucher le sol, et commence son parcours au milieu d’un millier de touristes et dévots. J’ai réussi à avoir une place de choix pour la photographier, au premier rang juste à côté de la chaise à porteurs. Le cortège, précédé de deux musiciens et encadré par une douzaine de policiers commence alors à s’ébranler et je ressens ce que vivent les photographes people. Je prends une bonne centaine de photos sans prendre le temps de bien cadrer, je marche à reculons pendant plusieurs centaines de mètre pour filmer la fillette, etc. Après une dizaine de minutes, elle est rentrée dans une autre maison et nous partons diner.

Le diner est très bon, similaire au déjeuner mais un peu plus raffiné, mais il devait être accompagné de danses locales, qui se révélèrent être une vaste plaisanterie, de shows d’actrice s’en fichant comme de l’an 40, durant à peine quelques minutes et espaces de près d’une demi-heure.

Nous achevons cette journée dense en essayant les massages népalais, non sans nous dépêcher car la ville s’endort complètement après 21h30.


La Kumari : déesse vivante
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dernière mise à jour le 23/04/2014