Nous commençons la journée par la visite du magnifique complexe monastique de Tashilhunpo, sans guide puisque ce dernier est allé au bureau de police pour s’occuper de nos permis pour le mont Everest. On prend des photos discrètement dans les chapelles car les droits pour photographier vont de 70 à 85 yuan (et montent à 1800 yuan pour une caméra vidéo). Je suis comme à chaque fois, et sans me lasser, subjugue par les couleurs et la jolie architecture tibétaine. Nous nous melons aux pèlerins et aux touristes, et terminons en assistant à la fin d’une cérémonie de moines Gelugpa (bonnets jaunes).
Le meilleur moment de la journée était avenir puisqu’après une heure de route nous nous sommes arrêtés dans la maison de Lobsang. Nous avons pu voir, sans touristes, la vie réelle des tibétains, et entre autres gouter du vrai thé au beurre de yack, accompagné de graines d’orges grillées, de fromage de vache séché et sucré, de mantou ou encore d’une espèce de pate sucrée à base d’orge. Comme le veut la coutume, notre hôte (la femme du fils du frère de Lobsang) nous ressert dès que nous buvons une gorgée de notre thé au beurre de Yak, dont j’apprécie le gout, contrairement à Pamina ; toutefois, elle est courageuse car elle se force, très poliment, et avec le sourire, même si je l’aide en buvant beaucoup de ma tasse afin que le thermos se finisse plus rapidement. Je note donc que Pamina est parfaitement capable d’ingurgiter des éléments qu’elle abhorre lorsque les circonstances s’y prêtent… Nous finissons le repas avec du chang, sorte de biere d’orge maison, et nos verres sont également remplis à ras bord a la moindre lampée. Nous ne finissons toutefois pas la bouilloire et terminons la visite en visitant les autres salles : la cour avec de l’orge en train de bouillir dans un four solaire au milieu, le temple familial, la cuisine, et rencontrons même la fille de notre hôte, âgée de six mois. Devant notre surprise par l’absence de chambre à coucher, Lobsang nous explique que chacun dort dans une pièce de la maison, par groupe de deux à quatre, et qu’il n’y a pas de salle dédiée au repos. Nous remercions chaleureusement notre hôte pour cette expérience vraiment enrichissante et traversons le village et les bouses de vaches en train de sécher afin de servir de combustible puis reprenons la route.
Nous franchissons la plus haute passe de notre périple, à 5248 mètres. On s’arrête alors pour accrocher un drapeau de prières acheté à Lhassa, mais sitôt sorti du 4x4, une dizaine de vendeurs tibétains nous harcèle, en étant vraiment proches de nous (parfois trop), pour nous vendre de beaux drapeaux à prière, mais le tout dans une ambiance amusée et bon enfant. Nous achetons chacun un grand ensemble de drapeaux. Il nous reste encore à le fixer, et nous préférons le faire nous-même, afin d’être certains d’avoir de la chance et de pouvoir admirer le Qomolangma (Everest) demain. J’escalade donc environ 3 mètres au milieu des drapeaux pour fixer le mien (et suis donc à 5251m !), avant de l’étendre, tout en convainquant un vendeur que je n’ai pas besoin d’avoir plus de drapeaux tandis qu’il m’explique que ce que je fais ne sert à rien car mon drapeau n’est pas assez haut/pas assez long et que je dois impérativement lui en acheter d’autres. Pamina accroche ensuite son drapeau, puis nous regagnons tant bien que mal la voiture, au milieu des vendeurs souhaitant échanger nos montres, lunettes ou autres bijoux contre les colliers en ambre véritable.
Nous arrivons ensuite à Tingri, et commençons à apercevoir les cimes enneigées du Haut Himalaya. Nous dormons dans un petit gite, dans une chambre de 8 m3, et nous lavons dans une bassine remplie d’eau tirée du puits au milieu de la cour. Après notre meilleur diner tibétain depuis notre arrivée, nous allons nous coucher, non sans avoir déplié un autre drapeau de prières dans la diagonale de la chambre afin d’augmenter les chances de voir le Qomolangma demain !
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dernière mise à jour le 23/04/2014