Aujourd’hui est un grand jour pour la RPDC : c’est l’anniversaire de la naissance du Président Kim Il Sung. Nous devions initialement nous rendre au mausolée des deux leaders dimanche, jour usuel d’ouverture du mausolée aux étrangers, mais cela rentrait en conflit avec le marathon. Le Maréchal Kim Jong Un a donc permis l’ouverture exceptionnelle aux étrangers ce mardi. Comme c’est un jour spécial pour la RPDC, nous nous attendions avec raison à y voir beaucoup de monde. En nous rendant au Palais du Soleil (mausolée), nous passons devant les deux statues géantes en bronze, devant lesquelles une foule impressionnante vient rendre hommage au père et au fils de la nation.
Pendant l’attente, dehors, nous voyons passer devant nous des cars de coréens expatriés qui rentrent pour ce jour spécial, et même la délégation Juche espagnole, seuls européens que j’ai vu de mon séjour à arborer le badge officiel du parti. Nous rentrons ensuite dans l’immense bâtisse : c’était un palais présidentiel du temps de Kim Il Sung, qui a été réaménagé en grande pompe par Kim Jong Il pour honorer son père, puis par Kim Jong Un qui y a rajouté à son tour son père en 2012. Au premier contrôle, on nous somme de tout laisser : téléphones, appareils photos, stylos, manteaux, les lunettes doivent être dans la poche, etc. : bien malin qui prendra une photo d’un des Kim reposant sous son sarcophage de verre ! Nous avançons, en colonne par 4 (on commence à prendre le pas…), passons sur un tapis à brosses rotatives qui nous nettoie les semelles puis dans un portique avec des dizaines d’espèces de sèche-cheveux qui soufflent fort dans toutes les directions, sans doute pour nous débarrasser d’éventuelles poussières qui nuiraient à la propreté de la salle.
Nous avançons ensuite, immobiles sur un lent tapis roulant, dans un long couloir ou trônent plus de 200 portraits des deux Kim, pendant que par la fenêtre passent des Mercedes noires flanquées de petits fanions des pays qui rendent visite à la RPDC aujourd’hui (j’ai vu la Russie, le Pakistan, le Népal et Cuba). Une fois la galerie de portraits passée, nous entrons dans la première salle, ou deux statues en marbre de Kim Jong Il et Il Sung, de 4 bons mètres de haut, nous attendent. Nous avançons donc par 4, puis nous arrêtons sur une ligne de marbre au sol pour nous incliner de façon synchrone. On nous demande ensuite de nous mettre à la queue-leu-leu, puis en rang par 6 pour rentrer dans une salle bien plus sombre, où repose Kim Il Sung. Nous faisons la queue au milieu des Coréens, qui arborent leurs plus beaux costumes et robes traditionnelles, et viennent s’incliner avec respect mais sans excès de larmes. Nous attendons notre tour pour nous incliner 3 fois devant le père de la nation : devant ses pieds, à sa gauche et à sa droite, mais pas devant sa tête car se serait insultant.
Suivent encore deux salles gigantesques : la première expose toutes les médailles, distinctions et doctorats honorifiques de tous les pays du monde (on y expose de l’ordre de Lénine à la médaille de l’amicale du Parti communiste belge…), la seconde montre une carte sur un mur ou toutes les villes ou s’est rendu KIS sont illuminées. La deuxième partie de la visite est exactement la même chose, mais avec le fils cette fois. Avant de sortir, nous visitons une ou deux salles, ou sont exposés, entre autres, la Mercedes où le bateau personnel de Kim Il Sung. L’impression que donne ce bâtiment est invraisemblable : c’est une pompe difficilement imaginable si on ne l’a pas vue, renvoyant Mao et Ho-Chi-Minh à la fosse commune en comparaison !
Nous sortons ensuite du palais, pour aller sur la place devant, où des enfants, militaires, civils, femmes de tous âges en robes traditionnelles ou touristes se photographiant les uns les autres.
L’étape suivante est le musée de la guerre de Corée. Parmi les nombreux bâtiments similaires de la ville, celui-ci est peut être celui qui arbore le style architectural socialiste avec le plus d’outrance. Les statues, colonnes et lignes des bâtiments ont un caractère martial encore plus exagéré que dans le reste de la ville. On y voit les armes, avions et chars capturés à l’ennemi impérialiste durant la guerre, et même un bateau capture a la marine US dans les années 60. On nous réexplique ensuite comment les États-Unis ont déclenché la guerre, puis se sont fait écraser par Kim Il Sung qui a libéré la péninsule jusqu’au sud de Séoul. La qualité des documents et des reconstitutions de scènes en résine est impressionnante, et montre qu’ils mettent du c&eolig;ur à donner du crédit à leur version de l’Histoire… Les photos étaient interdites, et me suis fait remarquer en faisant tomber ma Gopro à l’entrée du musée ; un de nos minders m’a alors gentiment demande de mettre les mains dans les poches pendant la visite, mais il n’y a plus vraiment prêté attention par la suite, et ai donc pu capturer quelques clichés, comme beaucoup d’autres touristes, sans aucun danger de remontrance.
Après un déjeuner ou nous avons été gavés comme de coutume pour voir l’opulence de la partie Nord de la péninsule, avec les fameuses nouilles froides de Pyongyang, nous nous sommes rapidement promenés dans un parc de Pyongyang.
À l’instar des parcs chinois, les gens y chantent, dansent et pique-niquent. Nous ne nous y attardons tout de même pas car sommes attendus à un concert de musique classique à l’occasion du 29th April International Friendship Art Festival, au milieu de l’élite pyongyongaise (à en juger par leur robes et les 20 euros que nous avons déboursés pour écouter l’heure de musique, même si je ne suis pas certain que nous ayons payé le même prix que les locaux). L’attention est variable, chez les Coréens comme chez les touristes qui emplissent environ un tiers de la salle, et la musique, classique, relativement usuelle, sauf un morceau où les instrumentistes à cordes donnent de la voix à certains moments.
Concert pour le 29th April Friendship Art Festival
Nous nous pressons ensuite pour sortir du concert pour aller vite à la mass dance, une danse folklorique près de l’arc de triomphe ou plus de 7000 étudiants (selon la police comme selon les organisateurs) sont massés pour danser en cercle et en rythme pour célébrer l’anniversaire du Président. J’essaie de m’éloigner un peu dans la foule locale pour trouver un meilleur endroit pour prendre des photos mais me fait rattraper par la patrouille, et le plus zélé de nos guide me demande poliment de revenir sur l’esplanade ou dansent les étudiants. Un peu plus tard, un autre membre du groupe de touriste me conseille un endroit surélevé à environ 300m de la, et profite donc d’un moment d’inattention du minder, qui doit prendre soin d’une dizaine de personnes, pour filer discrètement et d’un pas preste vers cette petite colline. J’y fais de bonnes photos mais il est vrai que c’est un peu étrange d’être le seul étranger dans un rayon de 300 mètres. Je reviens, sans m’être fait remarquer par la patrouille, et presse le pas lorsque je me rends compte que j’ai atterri dans un partie de la place d’une vingtaine de mètres de côté où il n’y apparemment que des militaires, mais rejoins le groupe sans problème en finissant de me faire des films.
Mass dance
À la sortie du diner, nous entendons le début des feux d’artifices et courons donc vers le lieu d’observation, nous dispersant dans la foule locale. Je retrouve 2 membres du groupe et assistons, au milieu des Coréens extasiés, dont beaucoup prennent des photos avec leurs téléphones ou des appareils numériques, à des belles explosions lumineuses de toutes les couleurs autour de la tour de la pensée Juche. Nous nous regroupons finalement assez aisément à la fin du spectacle, bien aidé par le Norvégien de 2m du groupe, aisément repérable dans la foule.
Nous finissons la journée au parc d’amusement de Pyongyang. Il est un peu étrange de voir un tel parc lorsqu’on connaît la situation des campagnes, mais ce n’est pas la première surprise de ce genre du voyage. Ceux du groupe qui le souhaitaient, dont moi, sont montés dans trois attractions locales, en grillant la queue aux locaux, et au milieu d’enfants, de militaires de tous âges ou encore de jeunes civils riant à plein poumons. Malgré la peur que les « normes de sécurité » soient calibrées pour le gabarit local, les attractions étaient vraiment amusantes.
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dernière mise à jour le 23/04/2014